Les raisons de la reconversion
Certaines personnes décident de franchir le pas en changeant de vie professionnelle. Une reconversion soudaine ou mûrement réfléchie. La motivation est souvent liée à la lassitude par tant d’années de labeur en usine et ce, sans la moindre considération.
D‘autres veulent fuir le stress, échapper à la pollution ou les embouteillages des agglomérations.
Alors ils aménagent en campagne pour travailler dans les exploitations agricoles ou en reprenant un commerce, (deux exemples parmi tant d’autres).
Pour ce qui me concerne, j’ai lâché définitivement le volant de mon 44 tonnes, car les journées de 15 heures d’amplitude, la pression des dirigeants me poussant à rouler jusque tard la nuit pour faire face à la concurrence déloyale des pays de l’Est. A cela s’ajoute les nuits successives à dormir dans la cabine de mon tracteur et tant d’autres pénibilités qui m’ont plongé dans une longue dépression.
Ce métier fût ma passion depuis mon plus jeune âge. Cependant, au fil du temps, chauffeur routier est devenu synonyme de forçat de la route.
Après des mois à difficilement me relever, j’ai choisi d’être mon propre patron sur un tout autre domaine, à savoir, agent d’entretien de sépultures.
Avec du recul, je ne regrette absolument pas mon choix car j’ai retrouvé un souffle de sérénité, au point de me sentir vraiment utile, en aidant des gens qui en ont besoin. Le manque d’un être cher disparu ne me laisse pas indifférent et pour cause :
Le 15 décembre 1993 à Guise en Picardie, mon frère Mickaël, 20 ans, perd la vie en se faisant renverser par un camion à benne. Le choc fût tel qu’il n’avait aucune chance au guidon de sa mobylette.
Le seul est unique témoin dira lors de son audition à la brigade de la gendarmerie, que le routier a fait mine de s’arrêter avant de prendre la fuite.
Malgré l’aide de la presse locale pour lancer des appels à témoins et une longue enquête judiciaire, jamais on a pu retrouver ce chauffard pour le traduire en justice.
Mon frère Mickaël Humblot repose en paix au cimetière de Saint-Quentin dans le département de l‘Aisne.
Question : Est-ce la raison qui a fait que j’ai épousé ce métier d’agent d’entretien de sépultures ? Inconsciemment je le crois.
Plus de 800 km nous séparent mais y n’empêche qu’il demeure dans mon cœur car la vie sur terre peut renoncer mais jamais l’âme de nos souvenirs.
Votre histoire est touchante.
Merci pour tous vos messages encourageants !